De l'herbe à perte de vue. Lunes adorait ces grandes étendues d'herbe haute et grasse. Elle aimait y courir à s'y rompre les os, se rouler dans l'herbe, faire des sauts de moutons, manger, chasser les papillons... Tous les plaisirs et caprices de l'enfance en un seul brin d'herbe, quelle explosion de saveurs, d'émotions !
Lunes riait de joie, un papillon doré venait de se percher sur l'étroit museau de la belle, son rire cristallin fit s'envoler la petit bête avec grâce et majesté. Lunes galopa alors, de son galop léger, comme si elle volait, bientôt elle ne sentirais plus rien, se sentirais planer dans les airs, ivre de liberté et de vitesse.
Elle s'arrêta soudain, mettant ses jambes arrières à l'épreuve, jarrets presque couchés au sol, comme les chevaux américains. Elle huma l'air, toutes ces odeurs la rendait euphorique, presque inconsciente du monde alentour, comme si tout devenait flou pour que l'odeur devienne si nette qu'elle pourrait ressembler à un dessin lumineux dans la pensée de Lunes.
Ses jambes finirent par lâcher, Lunes se retrouva couchée dans l'herbe à rire de plus belle, un rire inimitable, le rire de la lune en personne. Elle ouvrit les yeux, elle se sentit si petite, couchées sous les herbes pliantes, les coccinelles paraissaient plus grosses encore.
Elle se releva, au loin un cheval. Lunes sentit l'odeur noble et puissante d'un étalon.